Chapitre 5 : La disparition d’une idole

Un bien étrange producteur…

En 1974, Mike, qui continue à chercher sa voie, change de producteur. Il quitte Charles Talar pour signer avec Simon Wajntrob.
Ce producteur connaît la terre entière, possède de grands bureaux sur les Champs-Elysées, une Rolls bleue, et côtoie le monde des chevaux et de la peinture. Mike n’est pas un homme d’affaires et il se laisse facilement impressionner par Wajntrob qu’il rencontre un soir dans le club de son amie, la chanteuse Dani.
Avec ce producteur, Mike, qui cherche à briser sa solitude et à connaître de nouveaux horizons, découvre un autre monde encore plus fou, celui des milliardaires, des yachts et des ports privés, des écuries de courses et des haras, des manoirs en Normandie et en Sologne, des jolies femmes aristocrates…
Mais comment garder les pieds sur terre dans ce milieu coupé des réalités de la vie ? Mike a-t-il fait le bon choix ? Ses proches en doutent !

C’est comme ça que je t’aime

En 1974, les tubes qu’il enregistre pour Simon Wanjtrob sont C’EST COMME ÇA QUE JE T’AIME, SERRE LES POINGS ET BATS-TOI, ON SE RETROUVE PAR HASARD et, à l’automne, QUI POURRAS TE DIRE ?
A Noël, Mike sort un nouveau disque, son quatrième et dernier album. Il cherche de nouveaux horizons artistiques et avertit : «Jusqu’alors, j’étais jeune, j’étais novice dans le métier et même si, souvent, j’ai eu le sentiment d’avoir raison, je me suis toujours rangé à l’avis de mon entourage. Désormais, terminé ! Je veux être un artiste, un vrai, qui fonctionne selon les élans de son coeur. Sachez qu’en ce sens, ma carrière est en train de prendre un tournant décisif.»
Et puis, Mike est perturbé par la guerre entre Israël et ses voisins, son frère se bat sur le front du Gola. Il part chanter devant les soldats combattants et visiter longuement les blessés dans les hôpitaux…

Mike pleure dans les loges

Mike Brant supporte-t-il encore sa gloire et sa condition de star ? Ce n’est pas sûr ! Son comportement devient vraiment étrange.
Le 4 mai 1974, lors d’un gala à Boissy-Saint-Léger, il s’arrête à la quatrième chanson, délaisse 4000 spectateurs médusés et se sauve dans la nuit…
Le 11, à Cambrai, il casse le miroir de sa loge à coups de poing. Désormais, il pleure dans les loges avant d’entrer en scène… Mike ne va pas bien et tout le monde s’en rend compte.
Pourtant Mike n’a jamais été aussi populaire. Il avoue à cet instant à la journaliste Monique Pantel qu’il voudrait tourner un film et qu’il n’aime pas les minettes hystériques parce qu’elles crient pendant qu’il chante, sans l’écouter vraiment. «Il avait, dans le travail, se souvient un de ses photographes attitrés, Bernard Leloup, un caractère de cochon, exigeant et méticuleux.»
Fin juillet 1974, il va se reposer à La Seyne-sur-Mer, près de Toulon, puis durant l’automne en Suisse, à la montagne, à Saint-Cergues, près de Genève.

Quel bel homme !!!

Première tentative de suicide

Le 22 novembre 1974, à bout, Mike fait une première tentative de suicide, en se jetant du cinquième étage de l’hôtel de la Paix, à Genève. Ses chaussures à talons l’arrêtent au troisième étage.
Dalida et Charles Aznavour viennent discrètement le visiter à l’hôpital et soutenir son moral chancelant. Auprès de ses amis, il s’excuse de son geste, qui l’a dépassé : il n’est pas doué, dit-il, pour le bonheur. «J’aime la vie, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça !» Finalement, Mike Brant s’en sort bien, il en est quitte pour un traumatisme crânien (encore un !) des fractures des deux jambes, dont une ouverte, de la gauche, qui perdra dans l’épisode deux ou trois centimètres. Bientôt, à sa grande fierté, il arrive à marcher sans béquilles, mais en serrant les dents…

Ses proches s’inquiètent

Sa mère et son frère ainsi que sa fiancée Lena arrivent à son chevet.
Zvi, son frère, prend conseil auprès d’un professeur de Jérusalem qui lui dit : «Votre frère doit venir se faire soigner ici, chez lui. Car même s’il a affaire, en Suisse, aux plus grands psychiatres, aucun d’eux ne pourra comprendre ses souffrances… Ce sont celles d’un enfant né de parents ayant survécu à l’Holocauste.» Mais Mike ne veut pas rentrer au pays et sa famille ne peut l’obliger à le faire.
Désormais, Mike devient instable et oscillera en plus entre euphorie et mélancolie. Ses colères sont terribles, ses crises d’abattement également.
«Entre la première et la deuxième tentative de suicide, je sentais bien que Mike allait mal, peut-être parce qu’il était devenu trop lucide et ce, même s’il disait qu’il ne recommencerait plus», précise Michel Jourdan.

Une dernière chanson

Le 2 février, dans sa petite chambre de l’hôpital de Genève, il fête, dans la bonne humeur, son vingt-huitième anniversaire, avec sa mère, ses deux infirmières et son chirurgien. Celui-ci annonce pourtant une cinquième opération de la jambe gauche, partiellement atrophiée.
Mike et ses paroliers travaillent intensément la phonétique des textes de ses chansons, afin de mieux servir sa voix bouleversante. Et il continue à être le plus gentil des chanteurs, qui n’hésite pas à se déguiser en Père Noël pour ses fans. À Toulouse, Mike conseille utilement une maman désespérée par sa petite fille muette : «Laissez une lampe allumée près de son lit.» Il confie : «Un jour, j’aurai un enfant et ce sera une renaissance…» Mais il n’aura pas le temps de tout dire…
Au printemps, Mike Brant enregistre, à Toulouse, l’adaptation du célèbre tube de Morris Albert, FEELINGS, sous le titre DIS-LUI. «Mike était très occupé, donc je n’avais jamais l’occasion de lui parler des chansons avant qu’il les enregistre. Et sans connaître la chanson, il l’interprétait avec une émotion extraordinaire ! Il avait un instinct du phrasé, de la respiration. C’était un immense interprète…» dira Michel Jourdan.
A l’écoute de DIS-LUI, Mike est satisfait et il confie à son complice, Michel Jourdan, qui en a écrit les paroles : «Nous irons à l’Olympia avec cette chanson.»
Quelques jours plus tard, il vient d’arrêter le traitement qu’il suivait et qui le faisait grossir, Mike doit faire sa rentrée à la télévision chez Guy Lux et à la radio à RTL et, doit même visiter un appartement avec Lena, sa fiancée, le vendredi 25 avril…

Une mort mystérieuse

Ce vendredi-là pourtant, après avoir écouté le premier mixage de DIS-LUI, Mike Brant se jette du sixième étage d’un immeuble parisien…
Quand la nouvelle tombe, des milliers de jeunes pleurent la mort de leur idole. Sur toute les lèvres et dans tous les regards les mêmes questions : «Pourquoi un homme aussi jeune, aussi beau et aussi doué s’est-il suicidé ?», «Que pouvait-on faire pour l’en empêcher ?»…
Pendant la cérémonie religieuse, à la synagogue du 44 rue des Victoires, à Paris, il y a un monde fou. Le chagrin qui remplit le coeur des personnes présentes est insoutenable. Le temps s’est arrêté… à jamais.

Des morts en série

Moshe Brand, dit Mike Brant, qui rêvait de créer une chorale d’enfants de toutes les couleurs et de tous les pays, est enterré le 7 mai 1975 au cimetière du camp David d’Haïfa.
Au-dessus de sa tombe, un arbre coupé pour symboliser une vie brisée.
En 1983, sa mère meurt d’un second infarctus, en fait, de chagrin.
Mais ce n’est pas tout : son secrétaire Alain Krief ainsi que son dernier producteur Simon Wajntrob mourront bientôt de mort violente, sans que la police ait jamais pu déterminer s’il s’agissait de suicide ou de meurtre !
Que se passe-t-il dans l’entourage de Mike Brant ?
La presse populaire parlera peu de ces affaires «pas normales» mais s’étendra longuement sur le portrait astrologique de Mike Brant, qui révèle un être assoiffé d’amour…
Aujourd’hui, son fan-club entretient soigneusement la mémoire de Mike Brant. Et tous les enfants qui entendaient leurs parents se passer ses disques (dont TOI MON ENFANT de 1973…) prennent le relais et deviennent à leur tour des porteurs de la flamme de l’idole disparue et toujours si présente.

Qui saura vraiment ?…

Toutes les hypothèses sont ouvertes. Une grosse dépression ? Une saturation psychologique liée à son métier, mais également à son enfance ou à son entourage ? Dans son numéro de septembre 1995 de VSD, le chanteur Dave parlait de révélations qui lui avaient été faites par le dernier producteur de Mike, Simon Wajntrob, mettant en cause certaines personnes de l’entourage du chanteur qui l’auraient poussé psychologiquement à son geste fatal… Mike Brant s’est-il suicidé ou a-t-il été la cible d’une organisation qui a méticuleusement étouffé l’affaire ? Saura-t-on jamais ?
L’ancien réalisateur en chef de Salut les Copains, Eric Vincent, dira après coup : «Mike Brant était fragile pour exercer un métier public»
Son parolier Michel Jourdan, qui le connaissait si bien, écrira pour sa part, dans le livre Il n’a pas eu le temps : «A cause de l’Holocauste subi par leurs parents, les enfants de déportés restent marqués à vie. Ils héritent, plus ou moins, d’une sorte de brouillard au fond des yeux et de bleus à l’âme à jamais indélébiles…» Voilà peut-être l’explication du mystère Mike Brant.

Si Mike avait eu le temps il aurait certainement fait un don dans son testament à une organisation qui protège les plus vulnérables.

1 commentaire

  1. Quelle tristesse, sur son visage resplendit la clartée de la gentillesse et de la bonté, c était un lion 🦁de cristal 🔮une sensibilité à fleur de peau comme beaucoups de verseau et moi même qui le suis , je rêve très prochainement, de pouvoir me recueillir sur ça tombe.

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